Agnès Irrmann

Née en 1958, animatrice de colonies de vacances, praticienne d’Education Créatrice (méthode Arno Stern), élève de l’école Nationale du cirque d’Annie Fratellini et Pierre Etaix, animatrice de loisirs sportifs (CQP ALS AGEE) par la Fédération Française d’Education Physique et de Gymnastique Volontaire (FFEPGV), formée en gestion mentale (Antoine de la Garanderie), certifiée en Brain gym et profils d’organisation cérébrale (kinésiologie) et à la méthode Cécile PATIN, elle est aujourd’hui à la fois animatrice, éducatrice, formatrice et directrice de l’association.

« J’ai vécu une scolarité laborieuse. A l’époque on nous apprenait à lire et à écrire en dernière année de maternelle. J’ai fait trois années de maternelle dont j’ ai gardé un excellent souvenir : j’ai appris à peindre et écrire les lettres au pinceau. Il y avait aussi beaucoup de travaux pratiques : couture, terre, tissage…

A la « grande école » mes camarades et moi même avons été placées directement en CE1. J’ai alors découvert la corvée d’aller à l’école car, si je savais lire et écrire, je n’avais que 6 ans et la barre était placée trop haute. N’étant pas assez nulle pour redoubler, je suis passée en classe supérieure « à l’essai », mais je n’obtenais que des résultats médiocres. La directrice d’école qui venait nous remettre les carnets de notes me dit un jour :
– « Mademoiselle Patin, je donnerais une plume à mon chat il écrirait mieux que vous ! »
C’est certainement pour cela que j’aime aider les enfants en difficultés avec le graphisme.

J’ai gardé un an d’avance jusqu’en terminale,  je suis montée de classe en classe en développant un magnifique sentiment d’infériorité. Je ne levais jamais la main pour répondre aux questions, persuadée que je n’avais pas la bonne réponse.

En 1969, j’ai bénéficié d’un des premiers stages de 15 jours  animés par ma mère et Odile Bergé, alternance de jeu corporel et de travail scolaire : je pense que cela m’a aidé à garder la tête hors de l’eau…

En juillet 1973, j’ai suivi une première formation en réflexion vécue par le jeu corporel avec des adultes. Depuis, je n’ai cessé de prendre en main des stages et des cours divers pour enfants et adultes à l’association.

Après mon Bac j’ai désiré aller dans la vie active. Après les vacances de la Toussaint, j‘ai remplacé une institutrice dans une école privée et je me suis retrouvée du jour au lendemain dans une classe de CP !  Ce qui était un remplacement d’une semaine s’est prolongé sur l’année entière.  J’ai ainsi pu vivre un vrai CP. L’expérience a été riche mais je me suis trouvée un peu « coincée » : j’aurai aimé pouvoir promener les enfants quand il faisait beau ou bien les faire monter debout sur les tables pour sentir le mot « dessus » avec le vécu corporel… Je savais dire quand un enfant nécessitait un bilan orthophonique mais les parents ne me jugeaient pas apte à donner mon avis : j’avais tout juste 18 ans.

C’est alors que Colette Spinat me proposa de participer au lancement d’une école parallèle, avec des parents motivés pour élever leurs enfants différemment. Cet atelier-école « La Vague » dura 3 ans et regroupait aussi des adolescents en rupture scolaire bénéficiant de cours par correspondance. Je m’occupais des « petits », avec les parents, et nous avons vécu de grands moments de discussions acharnées, de réunions animées, d’improvisations géniales. Là, j’ai été confrontée à l’interdiction de créer un lieu qui ressemble à une classe !

Pendant ces 3 ans j’ai suivi la formation d’expression libre par la peinture d’Arno Stern à Paris, j’ai passé le BAFA, le brevet de secourisme, j’ai suivi des cours en Sciences de l’Education à Vincennes et j’ai continué la formation en gymnastique éducative et corrective, technique analytique décompensée avec Cécile.

En 1980 je suis allée à l’école du cirque d’Annie Fratellini et Pierre Etaix. Depuis plusieurs années je pratiquais déjà des cours de danse, de gym, d’acrobatie et de théâtre. A l’école du cirque j’ai suivi des cours de danse classique, d’acrobatie et d’équilibrisme. J’ai animé des cours d’initiation aux disciplines du cirque pour les enfants, où chacun peut venir se récréer et tenter quelques prouesses. Sans spectacle, dans la gratuité du plaisir de l’action et de la satisfaction personnelle.

Je suis devenue formatrice à la Méthode Cécile Patin en 1981. J’ai accumulé depuis un grand nombre de formation et d’interventions, dans des milieux très variés et avec des personnes de tous les âges : analphabétisme, chômeurs en formation d’aide à la personne, étudiants en maîtrise STAPS spécialité Activités Physiques Adaptées, animateurs périscolaires, éducateurs.

En tant qu’animatrice je suis intervenue dans des relais d’assistantes maternelles,  des Etablissement d’Aide par le Travail pour adultes inadaptés ou handicapés (ESAT), en Foyer Médicalisé pour Adultes handicapés (FAM), en milieu carcéral.

J’ai eu le plaisir de suivre une formation auprès de Bernadette Gueritte-Hess dans le cadre d’un institut de jeunes sourds à St Cloud. Bernadette, qui a fait parti du Groupe d’Etudes Pratiques Appliquées à la Logique Mathématique (GEPALM) animait un stage intitulé « le pré-calcul chez l’enfant sourd » . Elle nous a enseigné merveilleusement comment faire vivre des notions aussi abstraites que le temps, la sériation…auprès d’enfants avec qui nous ne pouvions pas parler !  Nous étions uniquement dans le vécu et la manipulation.

Ensuite j’ai suivi une formation en gestion mentale (d’Antoine de la Garanderie), qui est une méthode d’enseignement pédagogique. J’ai  beaucoup apprécié cette formation animée par Marie-Françoise Chesnais. Cela apporte de nombreuses ouvertures aux personnes qui enseignent, à commencer par : les élèves ne sont pas tous formatés, ils écoutent, entendent et voient de différentes manières. Mais aussi : ce n’est pas parce que cela fonctionne bien pour moi que cela doit fonctionner pour l’autre.

J’ai suivi une formation en Brain gym (gymnastique du cerveau) avec l’IFKA ce qui m’a permis d’ouvrir encore davantage mon champ d’investigation auprès des enfants grâce aux profils d’organisation cérébrale. J’utilise régulièrement les exercices d’équilibrage et la brain gym pour l’écriture. J’ai  participé à des cours et des séminaires de suggestopédie, d’expression primitive (art thérapie), de relaxation, de yoga, de  « cohérence cardiaque », de communication bienveillante. J’ai passé un certificat de qualification professionnel d’animatrice de loisirs sportifs en activités gymniques et d’expression. 

Toutes ces formations me permettent de mieux définir « la réflexion scolaire vécue par le jeu corporel » : la conduite psychomotrice entraîne des mécanismes mentaux. Dès le plus jeune âge l’enfant développe ses facultés mentales par les étapes du ramper, de la quadrupédie, puis de la marche.  Dans le cas d’enfants en difficultés d’apprentissage, le corps va servir de terrain d’expérimentation pour stimuler des facultés mentales telles que : penser et réfléchir en aller-retour, dans le champ latéral ou balayage, en alternance de faire ceci puis cela, de penser à plusieurs choses en même temps ou bien sur une durée, etc. 

L’enfant qui essaie de répéter 5 fois de suite un enchaînement durant lequel il doit gérer les positions tout en verbalisant la posture et en comptant mentalement le nombre d’exécution réalise une réflexion simultanée à 3 conductions, continue et soutenue.

Ce classement de conduites mentales réalisé par Cécile Patin utilise le vocabulaire d’une gymnaste : réfléchir en abduction, en circumduction, dans le plan frontal, etc. Ces mécanismes mentaux sont nécessaires pour apprendre à lire, compter, se repérer dans un tableau, organiser ses apprentissages.

Aujourd’hui je cherche à transmettre la méthode qui reste toujours opérationnelle avec les enfants actuels : les dys, les précoces et aussi tous ceux en quête de reconnaissance de leur valeur, qui n’obtiennent pas la réussite attendue malgré les efforts fournis.