Martine Deneuville

Éducatrice spécialisée, art thérapeute, formée en danse primitive, photographe, conteuse…
Venue en formation pendant le cursus de ses études d’éducatrice spécialisée en 1994.
Elle est praticienne et formatrice en réflexion vécue par le jeu corporel depuis 1996.
Elle anime les stages de loisirs, les sessions de réflexion vécue par le jeu corporel pour enfants et la formation pour adultes.

Martine Deneuville est Vice-Présidente depuis octobre 2009.

Martine Deneuville, éducatrice spécialisée – art thérapeute – sessionnaire en 1994

J’ai découvert une façon d’appréhender le corps sans attributs esthétiques superficiels, mais avec authenticité et simplicité. J’ai découvert une technique qui respecte l’indissociable dualité corps-esprit. j’ai découvert une activité essentielle, préventive et curative, faisant appel à un comportement tant relatif au biologique qu’au symbolique. En d’autres termes, j’ai découvert la danse primitive. Une danse dynamique, tonique, rythmée, inspirée des rituels des sociétés primitives, associant, comme eux, le mouvement du corps, le rythme, la voix dans une expression globale, enthousiaste, collective et festive. Une danse axée sur la recherche primitiviste qui permet de renouer avec le groupe, avec les racines, qui révèle une expression symbolique à travers la force du geste et sa simplicité… une danse primitive.

Et pourtant, après avoir travaillé plusieurs années auprès de Cécile, un parallèle évident m’est apparu entre la Réflexion Vécue par le Jeu Corporel et l’Expression Primitive. Ainsi, si la danse est divine à travers l’ordre et le rythme (caractères communs selon Platon) et donne la joie, le corps lui, par sa façon d’être « mis en scène », en danse primitive comme en Réflexion Vécue, devient un moyen d’acquérir l’équilibre mental, la connaissance, la sagesse. De fait, impliquer le corps, c’est emprunter une voie privilégiée, engageant l’être entier, avec son histoire et son affectivité dans des apprentissages liés à l’expérience. Cette pédagogie, cette façon d’envisager les apprentissages révèle une conception globaliste de l’Éducation. Or, rappelons, si c’est nécessaire, que la conception occidentale du savoir s’appuie exclusivement sur l’écriture et la lecture, contrairement aux sociétés traditionnelles qui peuvent transmettre une connaissance très savante de la réalité immédiate par voie orale. Ce passage obligé par l’écriture entraîne donc rapidement l’enfant à saisir le monde à distance, à vivre dans un univers abstrait, virtuel, où l’intellectualisation précoce le coupe de ses sens. Par conséquent la reconnaissance d’un corps actif en pédagogie est indéniable. Cependant, elle ne doit pas être considérée comme une attitude de maîtrise pour maximaliser les savoirs, les performances. Il ne s’agit pas, en effet, d’exploiter à son plein rendement « la machine humaine » mais bien de concevoir le développement des pouvoirs d’action et de perception liés à une plus grande conscience de soi, comme les clés d’une réussite que certains boudent ou refusent. Le corps, dans sa dimension ludique, émotionnelle, imaginaire, motrice, perceptive, structurante, expressive, doit être pris en compte et la Danse Primitive comme la Réflexion Vécue, sont des voies privilégiées pour ces registres là. Pour conclure, je citerai Nietzche : « Rien n’est coupé de rien, et ce que tu ne comprendras pas dans ton corps, tu ne le comprendras nulle part ailleurs« .